Affaire “Rouen Rtail” : un réseau de proxénètes présumés devant le Tribunal Correctionnel de Rouen
- ACPE Association
- il y a 9 minutes
- 2 min de lecture
Ces 22 et 23 avril 2025, quatre jeunes hommes comparaissent devant le Tribunal Correctionnel de Rouen pour des faits de proxénétisme aggravé. Le gérant présumé de ce réseau de prostitution et quatre autres co-auteurs seront, quant à eux, jugés par le Tribunal pour Enfants de Rouen du fait de leur minorité au moment des faits. Cette affaire fait suite aux révélations de l’une des victimes présumées, parvenue à s’échapper de l’appartement où elle était retenue contre son gré.
Au total, neuf individus sont poursuivis pour des faits en lien avec trois réseaux de proxénétisme, opérant dans des appartements du territoire rouennais, en 2019. Six victimes ont pu être identifiées, parmi elles, figure également une jeune fille poursuivie parallèlement devant le Tribunal pour Enfants pour des faits de proxénétisme.
Les jeunes femmes, majoritairement mineures, auraient été séquestrées et contraintes de se livrer à la prostitution, sous la menace du “chef”, de s’en prendre à elles, ainsi qu’à leurs proches, en cas de fuite ou de dénonciation. Des dettes fictives, qu’elles auraient eu à rembourser par leur activité prostitutionnelle, auraient été instituées par les proxénètes, exerçant une coercition en leur faisant consommer des stupéfiants et de l’alcool. Ils auraient, par ailleurs, manipulé des jeunes filles en fugue en leur promettant un hébergement avant de les contraindre à la prostitution, prétendant qu’elles leur étaient redevables. Les proxénètes auraient exigé que l’intégralité des gains acquis par les victimes leur soit reversée.
Au regard de la pluralité d’auteurs et de victimes, ainsi que de la complexité des faits, cette affaire nécessitera plusieurs jours d’audience.
Notre analyse :
Cette affaire met en évidence des réalités particulièrement alarmantes : le jeune âge des victimes comme des auteurs présumés, mais aussi, la situation complexe d’une jeune fille à la fois victime et mise en cause. Il n’est, en effet, pas rare que des mineures exploitées soient progressivement entraînées dans l’exploitation d’autres jeunes. L’affaire révèle aussi l’existence de réseaux bien organisés exploitant la vulnérabilité des mineures, et l’usage de stupéfiants comme moyen de recrutement, de contrôle et de soumission. Cela illustre de manière préoccupante les liens étroits entre trafic de stupéfiants et exploitation sexuelle : la drogue y apparaît, à la fois, comme une monnaie d’échange et comme moyen de domination psychologique sur les jeunes filles. Face à ce constat, il devient urgent de renforcer les dispositifs de prévention dès le collège, et d'améliorer la capacité des professionnel.le.s en contact avec les jeunes à repérer les signaux d’alerte.
L’ACPE s’est constituée partie civile dès 2020 dans cette affaire. L’association est représentée par Maître MAHE, dans le cadre de son partenariat avec l’Alliance des Avocats pour les Droits de l’Homme (AADH).
Contacts presse :
ACPE : 01 40 26 91 51 - juridique@acpe-asso.org - rp@acpe-asso.org - www.acpe-asso.org
Me MAHE : 01 56 82 00 01 dmahe@m2s-avocats.com
61/63 avenue Raymond Poincaré, 75116 PARIS
Comments