Les 8, 9 et 10 janvier 2024, la Cour criminelle de Paris a jugé deux hommes pour des faits de viols et de proxénétisme aggravé sur mineurs. Si l’un des deux mis en cause semblait avoir eu un rôle secondaire dans l’organisation des activités prostitutionnelles, l’autre homme était, de surcroit, accusé de viol sur quatre mineures âgées de 14 à 16 ans.
Les faits se sont déroulés entre juillet 2019 et mars 2020. Le principal mis en cause avait pris contact avec des jeunes filles apparaissant comme étant particulièrement vulnérables. Il a usé de la confiance de ces mineures, dont plusieurs étaient déjà victimes de proxénètes, en leur proposant son aide pour sortir de leur situation prostitutionnelle. Une fois en leur compagnie, il a exercé sur elles des violences sexuelles et un chantage à la prostitution en échange de leur liberté. C’est grâce au site Wannonce, connu pour héberger de nombreuses annonces d’exploitation sexuelle, que le principal prévenu a exercé son activité de proxénète. Il s'est également montré violent à plusieurs reprises et a été l’auteur de viol sur quatre jeunes filles.
C’est en décembre 2019 que le principal prévenu a fait l’objet de dénonciations suite à l’ouverture d’une enquête après la disparition d’une jeune fille. Il a été placé en garde à vue
le 16 novembre 2020. L’intéressé avait déjà été condamné en 2021 par le tribunal judiciaire
de Bobigny pour des faits de proxénétisme sur mineur de plus de 15 ans commis en juillet
2020 ainsi que pour des faits de violences ayant entraîné plus de 8 jours d’ITT. Le 15 juin 2021, le second prévenu a été interpellé et mis en examen. Il aurait apporté son aide au principal prévenu en mars 2020.
Selon Armelle Le Bigot-Macaux, “Cette affaire interroge sur les moyens mis en place
pour la protection des mineurs face au système prostitutionnel. Il est inimaginable que
certaines de ces enfants, en recherche de soutien pour fuir une situation d’exploitation,
n’aient pas pu ou osé placer leur confiance dans une structure et soient ainsi retombées
dans les griffes d’un prédateur. Elle démontre par ailleurs la nécessité de renforcer considérablement la lutte contre les sites d’annonces tels que Wannonce qui facilitent grandement l’existence de ces situations d'exploitation. “
C’est au regard de la particulière vulnérabilité des victimes dans un contexte de fuite de leur
exploitation, que l’ACPE à pris la décision de se constituer partie civile dans cette affaire,
réaffirmant ainsi sa mission de lutte contre la prostitution des mineurs.
L’ACPE était représentée par Me Coutrot-Cieslinski dans le cadre de son partenariat avec
l’Alliance des Avocats pour les Droits de l’Homme.
L'auteur principal de ce dossier a été reconnu coupable et condamné à 13 ans de réclusion par la Cour criminelle de Paris, accompagné d'une inscription au FIJAIS. Le co-auteur dont le rôle était moindre a également été condamné à 6 mois de prison avec suris.
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