Ces 8 et 9 janvier 2024, huit prévenus ont été entendus par la 15ème chambre du Tribunal correctionnel de Paris, accusés de proxénétisme aggravé sur mineurs.
Les faits remontent à 2021. Les victimes ont été recrutées via les réseaux sociaux. Les proxénètes les contraignaient à travailler pour eux, les plongeant dans une spirale de prostitution dont il était difficile de s’extraire sans accumuler d’énormes dettes envers les individus responsables. Quatre d’entre elles, qui ont eu le courage de venir témoigner à la barre de ce Tribunal, ont toutes décrit les conditions particulièrement inhumaines dans lesquelles elles ont été exploitées. Un “travail à la chaîne” avec parfois une vingtaine de clients par jour, les viols, le manque d’hygiène et un épuisement immense.
Toutes les victimes partageaient par ailleurs des fragilités émotionnelles similaires, telles que des ruptures familiales, des fugues, ou des séjours en foyers, que les auteurs exploitaient stratégiquement pour établir des liens de dépendance affective et matérielle. Malgré une première vague d’interpellations, l’activité du réseau a persisté, en partie grâce à l’un des mis en cause, alors placé en détention provisoire, qui était parvenu à se procurer des téléphones portables dans sa cellule.
Ce 9 janvier, les huit prévenus ont été jugés coupables par la 15ème chambre, celle-ci ayant prononcé des peines allant de 18 mois de sursis à 5 et 6 ans d’emprisonnement pour les deux principaux proxénètes du réseau.
Une des particularités marquantes de cette affaire réside dans le très jeune âge de certains prévenus, alors mineurs pour la plus grande partie des infractions, justifiant la saisine du Tribunal pour enfants devant lequel ils seront jugés dans un second temps.
Selon Armelle Le Bigot-Macaux, "Cette affaire est emblématique des mécanismes d’emprise développés sur des victimes choisies par les prédateurs, invariablement, sur leur vulnérabilité. Le jeune âge des auteurs est un rappel de l’urgence de la sensibilisation auprès des plus jeunes, tant pour parer à d’éventuelles futures victimes, que pour sensibiliser d’éventuels futurs auteurs qui n’avaient pas pris la mesure, nous l’avons vu lors de ce procès, de la gravité de leurs actes."
Au regard de la gravité des faits, l’ACPE s’est constituée partie civile, une action nécessaire dans notre lutte contre la prostitution des mineurs et les violences sexuelles. L’association était représentée par Me Bocquillon dans le cadre de son partenariat avec l’Alliance des Avocats pour les Droits de l’Homme.
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