Suite au reportage sur la prostitution des mineurs de l’émission Complément d’Enquête sur France 2, émission pour laquelle l’ACPE avait apportée son soutien et Armelle Le Bigot-Macaux, présidente, avait été interviewée, le journal Le Parisien a rédigé un article sur ce phénomène. Vous pouvez retrouver l’article ci-dessous ou directement sur leur site ici
Prostitution : les cités, nouvel eldorado des proxénètes
Julien Constant|24 novembre 2017, 7h00
Les nouveaux proxénètes des banlieues sont jeunes et déjà ancrés dans la délinquance.
Internet est le vecteur principal de cette criminalité, très lucrative, où les proxénètes sont à peine plus âgés que leurs victimes. C’est le nouveau filondes délinquants de banlieue. Depuis 2014, le phénomène du proxénétisme des cités s’amplifie avec une inquiétante régularité comme l’ont illustré plusieurs affaires emblématiques à Paris, Lille (Nord) et Marseille (Bouches-du-Rhône). L’exploitation sexuelle de jeunes filles en perte de repères est une activité lucrative qui demande beaucoup moins de moyens que le trafic de drogue. « Pour organiser la vente des stupéfiants, il faut une logistique, un apport financier, un réseau et des complices, précise Jean-Marc Droguet, le patron de l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH). Alors qu’avec deux filles et une réservation d’hôtel, ils peuvent immédiatement encaisser de l’argent. »
« Nous sommes passés de quelques cas en 2014, à 21 affaires en 2015, puis 48 affaires en 2016. Sur les premiers mois de 2017, nous avons déjà une vingtaine d’affaires », détaille Jean-Marc Droguet. Cette prostitution dite de cités représenterait 14% des victimes identifiées des proxénètes sur le territoire national en 2016. 56 % d’entre elles étaient mineures. Et les statistiques sont encore plus implacables en région parisienne. « Ce qui a créé ce nouveau phénomène, c’est l’émergence d’Internet », explique Paul-José Valette, le chef de la sûreté départementale des Yvelines qui traite de nombreux dossiers de ce type.
Des macs violents et sans pitié
Les nouveaux proxénètes des banlieues sont jeunes et déjà ancrés dans la délinquance. Agés de 18 à 25 ans, ils recrutent leurs victimes, entre 14 à 25 ans, dans leurs quartiers et sur les réseaux sociaux. Ils utilisent les sites d’annonces spécialisés tels que Vivastreet ou Wannonce pour leur trouver des clients. « On voit des filles désocialisées mais pas seulement, ajoute Paul-José Valette. Il y a aussi des étudiantes et des filles de bonne famille qui acceptent de se vendre pour de l’argent. Quand on les interroge, elles se réfugient derrière l’expression escort-girl et banalisent leurs actions qui ressemblent bel et bien à de l’abattage avec des conduites sexuelles à plusieurs avec des hommes plus âgés. »
Les nouveaux proxénètes n’ont rien à envier à leurs aînés. Ils sont violents et sans pitié avec les jeunes femmes prostituées : les coups, la séquestration et le recours au viol font partie des outils employés par ces bandes. Les lieux de prostitution sont divers mais, souvent, les filles sont accompagnées dans des hôtels ou dans des appartements loués pour l’occasion. Pour démanteler ces réseaux, il faut qu’une victime brise l’omerta ou que des riverains alertent la police, lassés de voir défiler des clients dans un appartement.
Des réseaux démantelés en région parisienne et en province.
Jouy-le-Moutier (Val-d’Oise)
Domiciliés dans cette commune, deux hommes de 19 et 21 ans ont été mis en examen pour viol, séquestration et proxénétisme aggravé, début novembre à Pontoise, puis écroués. La justice leur reproche d’avoir violé une fugueuse de 14 ans, originaire de Nancy (Meurthe-et-Moselle), avant de la prostituer, sur Internet, durant une semaine dans plusieurs hôtels de la région parisienne.
Bois-d’Arcy (Yvelines)
Trois jeunes, de 18 à 20 ans, y ont été interpellés fin juillet. Ils auraient séquestré et forcé deux adolescentes de 16 et 17 ans, originaires de Pierrefitte (Seine-Saint-Denis), à se prostituer. Les suspects avaient forcé la porte d’un logement et les ont obligées à travailler pour leur compte. Ils entendaient se rembourser d’une dette. L’une des victimes dit avoir fait une douzaine de passes à 50 €.
Bagneux (Hauts-de-Seine)
Quatre jeunes gens originaires de cette localité doivent comparaître le 19 décembre devant le tribunal correctionnel de Nanterre. Aidé de deux complices, un couple dirigeait depuis janvier dernier un réseau de jeunes prostituées, parfois mineures, recrutées sur Internet.
Pierrefitte (Seine-Saint-Denis)
Six jeunes gens, âgés de 16 à 27 ans, ont été mis en examen en juin à Bobigny pour proxénétisme aggravé. Ils sont suspectés d’avoir prostitué en Ile-de-France des jeunes filles, âgées de 15, 16 et 19 ans et originaires de la Vienne, du Calvados et du Nord, dans des appartements Airbnb et Abritel, des hôtels ou chez les clients.
Marseille (Bouches-du-Rhône)
En mars 2016, deux jeunes femmes de 19 et 21 ans ont vécu l’enfer : battues, livrées aux sévices sexuels des amis de leurs bourreaux, enfermées trois semaines sans nourriture, contraintes de se prostituer. Originaires du même quartier de Marseille que les victimes, deux hommes ont été écroués récemment dans ce dossier pour séquestration, viols et violences.
Lyon (Rhône)
En 2016, une ado de 15 ans est tombée dans les griffes de souteneurs qui la vendaient dans des hôtels franciliens. Partie de son domicile lyonnais, elle est retrouvée en région parisienne, sous la coupe d’un couple âgé d’une vingtaine d’années. Le mari « veillait » sur elle et l’emmenait se prostituer dans des hôtels.
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