Comme vous avez pu le constater très certainement la notion « effet Zahia » est de plus en plus employée dans les médias et le terme escorting est de plus en plus tendance. Dans cette vidéo, nous allons essayer de comprendre pourquoi.
Tout d’abord, qu’est-ce que l’affaire Zahia ? Autre possibilité : « l’affaire Zahia, c’est quoi exactement ? »
A la veille de la coupe du monde de 2010, les noms de 4 footballeurs connus : Franck Ribéry, Sydney Govou, Hatem Ben Arfa et Karim Benzema sont évoqués comme étant les clients potentiels d’une prostituée mineure : Zahia Dehar.
Cette dernière confirme les faits auprès des enquêteurs et affirme avoir eu des relations sexuelles tarifées avec Franck Ribéry et Karim Benzema en 2008 et 2009, alors qu’elle était encore mineure.
A l’époque, le Web s’empare de l’affaire. Tous les réseaux sociaux en parlent et l’affaire Zahia devient très médiatisée.
Qu’est devenue Zahia ?
Suite à ce scandale, Zahia Dehar connaît une ascension médiatique et professionnelle frappante. En effet, après avoir été « escort-girl », elle profite de sa notoriété pour se lancer dans le domaine de la mode. Elle devient créatrice et lance sa collection de lingerie. Les collaborations avec de nombreux artistes connus se multiplient. Zahia est devant tous les objectifs !
Puis, en 2019, elle joue le rôle-titre dans le film « Une fille facile ». Dans ce film de Rebecca Zlotowski, Zahia joue le rôle d’une femme prétendument libérée qui couche avec des hommes riches et se fait offrir des cadeaux. Une histoire qui, décidément, lui colle à la peau. Mais au final, malgré les discours de la réalisatrice, on s’aperçoit que l’héroïne du film ne paraît ni libérée, ni épanouie.
Quel est l’effet de Zahia sur une partie de la jeunesse ?
De nombreuses adolescentes ont voulu faire comme Zahia. Elles sont éblouies par l’écho médiatique autour de cette ancienne prostituée, et certaines vont même jusqu’à la considérer comme un modèle à suivre pour bénéficier d’une ascension sociale. Selon ces adolescentes, Zahia ne serait ni victime, ni prostituée, au simple prétexte qu’elle n’était pas prostituée dans la rue, et qu’elle est aujourd’hui couronnée de succès. À cela s’ajoute l’influence de la télé-réalité, qui ne fait que conforter les jeunes adolescentes dans l’association d’idée entre la mise en valeur du corps, la célébrité, l’argent… bref : la réussite sociale.
« L’effet Zahia », c’est donc une glamourisation et une banalisation de la prostitution car, elle présentée comme étant inoffensive et valorisante. Et pour euphémiser encore plus la prostitution, on les adolescentes parlent exclusivement d’escorting.
Mais qu’est-ce que l’escorting au juste ?
Et bien, il n’existe pas de définition précise de l’escorting. A l’origine, ce terme désignait le un service d’accompagnement qui, implicitement, pouvait souvent être associé à des services sexuels. Mais aujourd’hui, selon les personnes et les contextes, cette notion recouvre des réalités bien différentes. Dans le cas d’« escorting », on parle de prostitution d’intérieur, dite « indoor », car les personnes prostituées n’exercent pas leur activité sur la voie publique.
Mais y’a-t-il une différence avec la prostitution ?
Pas vraiment !
Nombreuses sont les adolescentes qui pensent que l’escorting est un monde sans violence, où les relations sont plus respectueuses, et où SURTOUT il n’y a pas FORCÉMENT de relations sexuelles, mais cela est faux !
Les mineurs qui se disent « escorts » sont en fait généralement de jeunes filles et de jeunes garçons qui s’exposent sur la toile et proposent des services sexuels tarifés. C’est donc bien de la prostitution.
Que faut-il retenir de tout ça ?
On peut retenir que l’escorting est bien une forme de prostitution, et que l’ « effet Zahia » est un accélérateur de la banalisation de la marchandisation du corps.
Mais, ce qu’on devrait retenir également, c’est que c’est la société dans son ensemble qui est responsable de la glamourisation de la prostitution. En effet, c’est le monde journalistique, l’industrie télévisuelle et cinématographique, mais également l’univers marketing qui ont propulsé Zahia comme une icône. C’est précisément la raison pour laquelle, à l’ACPE, nous considérerons toujours les « escorts » comme des victimes, et que nous critiquons les structures de notre société plutôt que la prétendue « superficialité » de la nouvelle génération d’ados.
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